L’Association des agences-conseil en communication (AACC) et l’Ordre des médecins (CNOM) ont finalisé une procédure simplifiée de déclaration de conventions pour la rémunération des praticiens sollicités lors d’événements.
A l’initiative de la FNIM, une présentation de cet outil a eu lieu le 8 février 2019 à l’Aéro-Club de France, à Paris.
L’occasion d’expliquer et débattre avec Alexandra Basset, responsable des affaires juridiques de l’AACC, Alain Collomb, président de l’Association des sociétés d’études de l’opinion et du comportement dans le domaine de la santé (ASOCS) et Marie-Amélie Lenoir, trésorière de l’ASOCS.
Casse-tête pour les uns. Délais non adaptés pour d’autres… La déclaration des conventions conclues avec les professionnels de santé auprès du Conseil national de l’ordre des médecins (CNOM) n’a rien d’une sinécure pour les agences de communication et les annonceurs. Instaurée par la loi DMOS, puis consolidée en 2011 par la loi Bertrand, cette obligation de déclaration, établie par l’article L4113-6 du Code de la santé publique, vise à moraliser les relations entre industriels et blouses blanches. L’Ordonnance n°2017-49 du 19 janvier 2017, publiée au Journal officiel du 20 janvier 2017, en renforce davantage le dispositif. Sauf que les décrets et arrêtés se font attendre. Difficile de savoir encore à quelle sauce les professionnels de santé vont être mangés. « On sait que ça va se durcir », reconnaît toutefois Alexandra Basset, responsable des affaires juridiques de L’Association des agences-conseil en communication (AACC). Mais dans quelles proportions, c’est l’inconnu du moment. Alors, en se rapprochant de l’Ordre des médecins, pour mettre en place une procédure simplifiée de déclaration, « l’AACC a pris un temps d’avance », souligne Alexandra Basset, invitée à débattre du sujet par la FNIM, le 8 février dernier à l’Aéro-Club de France, à Paris.
« Se sécuriser dans un paysage réglementaire incertain et de plus en plus contraignant »
En pratique, cette procédure simplifiée s’inspire de celle que l’Association des sociétés d’études de l’opinion et du comportement dans le domaine de la santé (ASOCS) a imaginé avec l’Ordre des médecins quant aux réunions et autres interviews de praticiens. Avec comme objectifs principaux : « Proposer une procédure plus adaptée à l’activité des agences, se sécuriser dans un paysage réglementaire incertain et de plus en plus contraignant, notamment dans la relation avec l’annonceur, mais aussi se familiariser avec le système de télédéclaration », explique Alexandra Basset. Un processus rendu possible grâce à l’application IDAHE*, gérée par le CNOM. Car c’est l’Ordre des médecin, en effet, qui envoie un identifiant de connexion à chaque professionnel de santé qui souhaite ouvrir un compte via IDAHE. Au total, l’AACC et le CNOM ont conclu trois conventions pour des déclarations plus adaptées aux agences. Dans le détail : une convention CNOM/ASOCS portant sur les « réunions médecin », dont les agences peuvent désormais se prévaloir notamment dans les compétitions ; une convention CNOM/AACC quant aux « sessions de présentation » pour les mises à jour et autre formation des équipes ; et, enfin, une convention CNOM/AACC en lien avec la « participation à l’élaboration de l’appel d’offres et éventuellement à la présentation » (voir encadré).
Demande préalable et télétransmission a posteriori
Dans un premier temps, il s’agit donc de demander un compte auprès du CNOM. Cette requête doit émaner d’un représentant légal ou de toute personne habilitée par celui-ci. Concernant la télédéclaration, la demande préalable (étape où le modèle de convention établie est transmis) doit mentionner (avant l’exécution de la convention) la convention simplifiée CNOM, la période concernée (un an maximum) et le nombre de réunions prévues. Puis, il faut réaliser une télétransmission a posteriori (au plus tard un mois après l’exécution), où figure le nom des participants, le thème de la réunion ou l’objet de l’appel d’offres, la présentation ou la prestation du professionnel de santé et sa durée, ainsi que les honoraires de chaque participant. Attention : l’utilisateur a entre un et deux mois pour valider l’inscription IDAHE. Avec la possibilité de grouper plusieurs demandes sous la même convention, en cas d’opération récurrente. Quant à la déclaration des professionnels de santé ayant participé à la manifestation, les conventions nominales, signées avec chacun des médecins participant, doivent être mises à la disposition du CNOM. Côté honoraires, pas de place pour l’improvisation non plus : loi anti-cadeaux oblige. Le plafond est ainsi fixé à 200 euros par heure d’intervention. Un tarif identique pour les généralistes et les spécialistes, les libéraux et les hospitaliers.
« Le CNOM veut juste avoir un droit de regard »
Habilité à mettre en place des procédures de déclaration simplifiées avec les organisations professionnelles, le CNOM n’est pas fermé aux discussions sur les avantages octroyés aux professionnels de santé. Dans ce cadre, il considère que 200 euros est un avantage raisonnable au regard de la pratique et de la loi anti-cadeaux. « Certes, il nous a fallu près d’un an et demi pour bâtir avec le CNOM une convention simplifiée, explique Alain Collomb. Mais, aujourd’hui, cela fonctionne très bien. La machine peut paraître lourde et difficile à manœuvrer au départ, mais une fois en route, une fois rodée, ça se passe bien. » Le président de l’ASOCS ne compare en aucun cas le travail de l’Ordre des médecins à une sorte de « flicage ». Au contraire : « Le CNOM ne cherche pas à nous mettre en faute. Il veut juste avoir un droit de regard pour savoir si on est dans les clous ou pas. » Enfin, le débat avec l’auditoire a permis à Alain Trébucq, patron des Publications Global Média Santé, de rappeler que la presse médicale n’est pas soumise à ces conventions, « si elle parvient à préserver son indépendance par rapport à l’information traitée ». Quant à Alexandra Basset, elle a conclu la matinée d’échanges en rappelant qu’à sa connaissance, « il n’y a pas de jurisprudence sur les manquements liés aux déclarations CNOM ». Et pour cause : « La sanction prévue n’est pas judiciaire mais professionnelle (radiation de l’Ordre). Le risque pèse donc sur le professionnel de santé, pas sur l’agence ou l’annonceur. »
* https://idahe.ordre.medecin.fr
Anne Eveillard
1 MODE D’EMPLOI POUR 3 CONVENTIONS
En pratique, quelles prestations permettent les trois conventions bâties par l’AACC et le CNOM ? Suivez le guide :
1 / Convention CNOM/ASOCS portant sur les « réunions médecin », dont les agences peuvent désormais se prévaloir, notamment dans les compétitions : il s’agit de réunions de 3 à 12 médecins, dont la durée varie de 1 à 4 heures. Ces réunions prennent la forme de séances d’interview ou d’entretiens téléphoniques. A cela peuvent s’ajouter des repas (avec facture inférieure ou égale à 40 euros) et des frais de déplacement sur justificatif(s). Attention : le taux horaire pour le professionnel de santé est de 200 euros maximum.
2 / Convention CNOM/AACC portant sur les « sessions de présentation » pour les mises à jour et autre formation des équipes : il s’agit de la présentation d’états des lieux, de perspectives ou de revues littéraires. Chaque intervention dure de 1h30 à 3 heures. A cela peuvent s’ajouter des repas (avec facture inférieure ou égale à 60 euros) et des frais de déplacement sur justificatif(s). Comme précédemment, le taux horaire pour le professionnel de santé est de 200 euros maximum.
3 / Convention CNOM/AACC portant sur la « participation à l’élaboration de l’appel d’offres et éventuellement à la présentation » : il s’agit de séances de travail de 6 à 16 heures, auxquelles peuvent s’ajouter des repas (avec facture inférieure ou égale à 60 euros) et des frais de déplacement sur justificatif(s). Le taux horaire pour le professionnel de santé est toujours de 200 euros maximum.