Depuis le début de cette année 2024, la FNIM propose une découverte de l’Intelligence artificielle (IA) et de ses usages dans le secteur de la communication santé. Cette initiation s’articule autour de trois volets. Le premier était une présentation de cet outil destiné à prendre la main sur certaines tâches parmi les plus chronophages, tout en restant actif, réactif et créatif. Le deuxième a permis d’aborder la problématique de la propriété intellectuelle, dès qu’il s’agit de « manipuler » des données issues du Web. Enfin, le troisième a concerné l’usage au quotidien de l’IA, à la fois pour gagner du temps, rester pertinent en termes de contenu, répondre aux attentes des clients et enrichir sa créativité. Cet ultime volet a fait l’objet de la Matinale de la FNIM du 25 septembre 2024, organisée dans les locaux du Roof Top Grenelle, à Paris, et en visioconférence. Une présentation menée par Michel Bensadoun, médecin, consultant en communication digitale et président du cabinet MBC (Michel Bensadoun Consulting). L’animation du débat était assurée par Laurent Tordjman, directeur général du groupe La Phratrie et secrétaire général de la FNIM.
« L’Intelligence artificielle (IA) s’apparente aussi bien à une évolution qu’à une révolution. » C’est ainsi que Michel Bensadoun a amorcé sa prise de parole face aux adhérents de la FNIM, le 25 septembre 2024. L’expert en communication digitale, également à la tête du cabinet de conseil MBC, compare, en effet, l’arrivée de l’IA à celle d’Internet. « Il s’agit d’un outil qui va augmenter la capacité de productivité, créativité et compétitivité », résume-t-il. À condition d’adopter une nouvelle façon de travailler et mener une réflexion globale sur l’organisation de ce travail. L’occasion pour Michel Bensadoun de citer le naturaliste britannique Charles Darwin : « Ce n’est pas la plus forte des espèces qui survit, ni la plus intelligente, mais celle qui s’adapte le mieux aux changements. » CQFD.
Priorité à la fiabilité des sources d’informations
« L’arrivée de l’IA s’inscrit dans une évolution de notre consommation d’information », constate Michel Bensadoun. Entre le Web, les réseaux sociaux, les stations de radio et autres chaînes de télé d’info en continu, un contenu en chasse un autre, partout, pour tous et à toute heure. Aujourd’hui, on a coutume de dire qu’une information fait le tour du monde en moins de deux heures. Pas question, donc, de relayer des faits non avérés, non vérifiés, non validés, dans un univers médical. La fiabilité des sources reste une priorité pour une agence de communication santé, au regard du cadre juridique très strict qui encadre les données issues de l’industrie pharmaceutique. À ce titre, « les évolutions dans le mode de fonctionnement de Google sont un bon indicateur des tendances », souligne Michel Bensadoun. Il fait allusion à « l’importance de l’autorité », mais aussi aux articles plus courts et aux images « qui ont un sens », c’est-à-dire qu’elles délivrent, elles aussi, un message. Quant aux sources de trafic, elles sont multiples et vont des sites Web aux réseaux sociaux, en passant par les avis émis.
L’importance d’une stratégie de contenu
Lorsque l’ordinateur a pris place dans le cabinet des médecins, il a changé le quotidien du praticien. Et ce, aussi bien en termes de collecte et protection des données qu’en termes de relation avec le patient. Certains professionnels de santé ont alors abandonné le face à face pour lui préférer le côte à côte et ainsi éviter de mettre un écran entre soignant et soigné… Aujourd’hui, Michel Bensadoun parle d’une IA « qui sera bientôt supérieure aux médecins ». À cela s’ajoute des patients surinformés - via les médias, le Web ou encore les communautés de malades – tout autant que le corps médical. Dans un tel contexte, pour tirer son épingle du jeu, l’agence de communication santé doit être au plus près des attentes de chacun. Michel Bensadoun préconise, ici, une stratégie de contenu attractive – « avec des titres accrocheurs » - et mise sur le référencement naturel (SEO). Des pistes et des étapes où l’IA peut devenir une véritable alliée. À commencer par Chat GPT, que le président du cabinet MBC compare à « un véritable couteau suisse ».
Chat GPT : les clés pour l’apprivoiser
- Outil utile pour:
la rédaction scientifique, l’analyse d’études, l’optimisation SEO, les résumés et synthèses de documents, la création de tableaux…
- Bon à savoir:
Le prompt n’est qu’un brief. Plus on est concis et précis, plus les réponses seront justes et pertinentes.
- « Tips » en plus:
Pour chaque projet, penser à créer un chat pour garder la mémoire de toutes les recherches réalisées. Autre bon réflexe : utiliser les outils d’optimisation et de vérification. Enfin, ne pas hésiter à créer et insérer des tableaux pour rythmer la lecture d’un article.
- Les pièges à éviter:
Éviter de bâtir un contenu 100% IA. Gare aux approximations, répétitions, réponses incomplètes et autres plagiats. Prendre le temps de croiser les recherches, bâtir un plan, relire et soigner son style rédactionnel.
- À la manière de Michel Bensadoun:
« Je conçois souvent un plan avec Chat GPT et une correction manuelle. Je rédige par chapitre dans Chat GPT ou j’utilise l’option ‘rédaction automatique’ via l’application Koalawriter, avec une correction manuelle. Enfin, quasiment toutes mes introductions et conclusions sont manuelles. »
Des outils à connaître…
Parmi les autres outils d’IA testés et approuvés par Michel Bensadoun, citons Koala Writer. Cette application autonome permet de rédiger entièrement un article, avec une fonction « Polish » pour fluidifier un texte et faire la chasse aux répétitions. Autre outil référencé par Michel Bensadoun : Surfer SEO. Cette application, orientée vers le SEO, aide à construire et rédiger - de façon assez performante - pour répondre aux attentes des internautes, selon les critères de Google. Par ailleurs, Chat GPT peut également être utilisé pour comparer la cohérence d’un article fraichement rédigé avec d’autres contenus déjà publiés sur le même sujet et, ainsi, vérifier la qualité d’un texte. Quant à l’IA Consensus, « c’est un incontournable pour toute recherche bibliographique, avec la possibilité de travailler en différentes langues et d’obtenir des résumés », explique Michel Bensadoun. Comment ça marche ? « Il suffit de poser une question ou de mener une recherche, puis Consensus délivre une évaluation visuelle de la réponse, analysée depuis les études. » L’expert en communication digitale souligne également la pertinence des automatisations qui sollicitent et coordonnent - de façon automatique - plusieurs applications. Michel Bensadoun cite, ici, en exemple, l’automatisation d’un post grâce à l’application « MAKE » : « À chaque fois qu’un article est posté sur mon blog, Chat GPT en écrit un résumé et va le poster sur ma page Facebook. » Malin ! Pour réussir cette manœuvre, il suffit d’un prompt sur Chat GPT, qui demande de résumer un article avec un style et un format définis. Ensuite, le routeur distribue à Facebook, LinkedIn, Instagram ou encore TikTok.
Images : comment rester créatif
- Choix de l’outil:
Midjourney et son abonnement avec images non publiques.
- Bon à savoir:
Comme l’IA s’intègre dans une chaîne de production, mieux vaut maitriser le logiciel de retouche Photoshop avant de s’aventurer dans la production de visuels.
- « Tips » en plus:
Bien faire ses settings ; préférer les prompts en anglais ; penser à regarder l’aide fort bien faite ( https://docs.midjourney.com/ ) ; travailler le style de l’image pour éviter de la post production en plus ; utiliser Chat GPT pour les prompts et si besoin certains GPTs existent. Un exemple : https://www.featuredgpts.com/
- Les pièges à éviter:
Dans le cadre de la création de visuels, ne pas reproduire ce qui existe déjà. Raisonner inédit et originalité…
- À la manière de Michel Bensadoun:
« J’utilise Magnific IA pour améliorer les images, changer un contexte, jouer sur la définition et la lumière. J’apprécie aussi Photoshop IA, pour créer de la matière, adapter des formats, modifier et créer des objets dans l’image. »
Combien ça coûte ?
Lors de sa présentation, Michel Bensadoun a également évoqué la possibilité de recourir à l’IA pour créer de l’audio, de la vidéo, voire un mix des deux… Une palette d’outils qui ne cessent d’évoluer. « Six mois, c’est comme un siècle en termes d’innovation dans le secteur de l’IA », rappelle l’expert en communication digitale. Autrement dit : tout va vite. Très vite même. Il n’en demeure pas moins que l’invité de la Matinale de la FNIM a insisté sur l’importance de « mélanger ce que peut faire l’humain et ce qui relève de l’IA ». Au risque sinon de lisser les contenus, policer les idées. Enfin, adopter l’IA dans son quotidien, c’est aussi adapter ses finances à un surcoût. Michel Bensadoun parle d’une enveloppe mensuelle de quelque 500 euros pour une agence qui serait abonnée à Chat GPT, Koala Writer, Midjourney et Surfer SEO.