Bonnes pratiques, certifications et autres labels : dans quelles mesures peuvent-ils rendre les agences et entreprises adhérentes de la FNIM plus compétitives ? En 2025, que met-on exactement derrière les lettres RSE ? Et qu’en est-il vraiment de l’évaluation EcoVadis ? Quant à la santé au travail, en parle-t-on assez et assez bien ? Comment booster son « return on investment » (ROI) et devenir plus attractif à la fois pour les clients et les salariés ?... Autant de questions qui ont fait l’objet à la fois d’une enquête au sein de la FNIM et de la Matinale du 19 mars 2025, en présence de Marc Perrin-Lagogué, directeur général associé de Creafirstet co-président de l’AACC Club Santé, Julien Ullmo, kinésithérapeute, co-fondateur de Novadone, organisme de formation certifié et partenaire de l'écosystème « Great Place to Work », et de Pol-Antoine Hamon, pharmacien hospitalier, directeur Accès au marché et RSE de Madis Phileo. Une rencontre organisée dans les locaux du Roof Top Grenelle, à Paris, également relayée en distanciel et animée par Denise Silber, à la tête de l’agence Basil Stratégies et vice-présidente de la FNIM, ainsi que par Chrystel Tanguy-Ouk, directrice associée de Madis Phileo, également vice-présidente de la FNIM.
« Parmi les axes de travail de la FNIM figure l’amélioration du quotidien professionnel de ses adhérents. De quelle façon ? En leur donnant des solutions pour rester attractifs et compétitifs sur le marché de la communication santé. » C’est ce qu’a rappelé Denise Silber, à la tête de l’agence Basil Stratégies et vice-présidente de la FNIM, en guise d’ouverture d’une Matinale consacrée aux bonnes pratiques, certifications et autres labels pour se positionner en termes de RSE. Car sensibiliser ses équipes sur ce thème relève de l’évidence, voire de l’obligation, à l’heure où « nos clients nous questionnent sur notre engagement RSE, qui devient bien souvent un prérequis à toute collaboration », a pu constater Chrystel Tanguy-Ouk, directrice associée de Madis Phileo, également vice-présidente de la FNIM. Mais comment se former, s’informer, évaluer ses compétences en la matière et décrocher le bon label ou la bonne certification ? Plusieurs pistes et retours d’expériences ont rythmé la Matinale de la FNIM, animée par Denise Silber et Chrystel Tanguy-Ouk. À commencer par l’importance à accorder à la santé et à la prévention sur le lieu de travail. Car le bien-être des salariés est une clé de la réussite et de la compétitivité d’une entreprise.
Novadone : le mieux-être passe par une formation personnalisé
Juste après le Covid, le kinésithérapeute Julien Ullmo a co-fondé Novadone, avec deux de ses confrères. Cet organisme de formation certifié et partenaire de l'écosystème « Great Place to Work » - label de « qualité de vie » (QVT) parmi les plus reconnus -, estime à 4 059 € par salarié, le coût annuel de l’absentéisme au travail. Un total que Julien Ullmo multiplie par 26 (nombre moyen de salariés dans une PME) pour obtenir la somme de 105 534 € dépensés chaque année par une PME confrontée aux arrêts maladie au sein de ses effectifs. « Pour limiter les risques de troubles musculo-squelettiques (TMS) - principale maladie professionnelle, qui concerne en majorité les métiers sédentaires -, il faut bouger dehors, mais aussi au bureau », explique le kinésithérapeute. Comment s’y prendre ? À quel rythme faut-il se lever de son siège ? Un fauteuil ergonomique peut-il résoudre à lui seul le problème ?... C’est à ces questions que Novadone répond par des programmes de formation personnalisés, accompagnés d’un suivi mené par des professionnels de la santé au travail. Mais « personnalisé », cela veut dire quoi exactement ? « La solution Novadone – déjà adoptée par le Cnes, Inside ou encore Suez… - réside sur l’analyse des besoins de l’entreprise. On mesure pour évaluer, on agit pour mieux former, le tout dans une logique de pratique en groupe, puis d’entretiens individuels, sans oublier un suivi sur 3 mois pour ancrer les bonnes pratiques, délivrées dans un livret de conseils », détaille Julien Ullmo. Coût de cette formation, certifiée Qualiopi : 1 499 € HT pour un groupe de 6 à 10 personnes, avec une prise en charge assurée par une dizaine d’OPCO (Afdas, Akto, OPCO santé, Uniformation…). Quant à la certification « Great place to work » - valable un an -, elle contribue à une meilleure image de marque, un taux de recrutement à la hausse, une baisse du turn-over au sein des équipes et une performance financière améliorée.
EcoVadis : une évaluation qui a repositionné Madis Phileo
« À l’hôpital, à la Caisse nationale d’Assurance maladie (Cnam), au sein de la Haute autorité de santé (HAS) comme dans l’industrie pharmaceutique, nous observons une intégration croissante de critères RSE dans les appels d’offres et les décisions d’achats publics et privés. À cela s’ajoutent des attentes accrues, sur ce même domaine, de la part des patients, des professionnels de santé et des investisseurs. » Ce constat est celui de Pol-Antoine Hamon, pharmacien hospitalier et directeur Accès au marché et RSE au sein de Madis Phileo. D’où la volonté de ce cabinet de conseil, spécialisé dans le domaine de la santé, de se doter d’une certification RSE. Un cheminement qui a débuté en 2023, avec la nomination d’un référent RSE et l’élaboration d’un plan d’action ciblé sur des aspects social, sociétal et environnemental. Un an plus tard, une première preuve concrète, tangible et fiable de l’engagement « au quotidien » de Madis Phileo a pu être produite. À savoir : « Notre premier bilan carbone », souligne Pol-Antoine Hamon. La suite : « Notre volonté de nous soumettre à une évaluation RSE », poursuit-il. Au regard de la taille du cabinet de conseil, qui compte une dizaine de collaborateurs, c’est la certification EcoVadis qui a été choisie, « car plus adaptée à nos attentes, assortie d’un accompagnement personnalisé, d’une reconnaissance à l’international et d’un coût raisonnable pour notre structure », détaille encore Pol-Antoine Hamon. En pratique, EcoVadis délivre une notation qui évalue la performance RSE à partir de quatre piliers : l’environnement, le social et les droits de l’homme, l’éthique des affaires et les achats responsables. Quant au process, il se déploie en cinq étapes : la création d’un compte, la réponse à un questionnaire d’une trentaine de thématiques avec les justificatifs à fournir (rapport RSE, convention collective, code de conduite…), le dépôt du dossier, le paiement (809 € HT pour un abonnement premium d’un an) et l’analyse d’EcoVadis délivrée au bout de 6 à 8 semaines. Le résultat : en janvier 2025, Madis Phileo a figuré parmi les 15% d’entreprises évaluées par EcoVadis à avoir obtenu un excellent score et décroché un EcoVadis silver. Selon Pol-Antoine Hamon, 72 heures cumulées ont été nécessaires pour réunir et déposer sur la plateforme une cinquantaine de documents « fournissant les preuves de notre engagement ». Parmi les points forts d’EcoVadis, il cite volontiers « les solutions pour aider à gérer, à mesurer et à améliorer la performance RSE dans l’ensemble de la chaîne de valeur », mais aussi « les fiches d'évaluation faciles à lire ». Un bémol, toutefois : « Ce n’est pas une certification, mais une notation basée sur une évaluation. »
Agences Actives : un label RSE bien fait pour les agences de com’
Le sigle AACC signifie : Association des agences en conseil et création. Celle-ci regroupe quelque 150 sociétés « membres », telles que Life, Publicis Health, McCann, Karma, Canal 55 ou encore Havas Life… L’AACC compte aussi huit clubs, dont un ciblé sur la santé, et délivre un label RSE « Agences Actives », créé en 2018, basé sur la norme internationale ISO 2600, certifié par l’AFNOR et adapté aux agences de communication. Son objectif : il permet aux agences d’apporter une réponse RSE, à la fois lisible et cohérente, aux donneurs d’ordre. Pour l’obtenir, il faut répondre à une vingtaine de questions – éléments de preuve concrets à l’appui -, réparties en quatre thèmes : vision et gouvernance, réalisation des prestations, ressources humaines et aspects sociaux, impact environnemental de l’agence. Côté coût : il faut compter 1 200 € et 900 € si l’agence est déjà membre de l’AACC. « Pas moins de 114 agences ont déjà reçu le label RSE « Agences Actives », depuis 2018 », indique Marc Perrin-Lagogué, directeur général associé de Creafirst et co-président de l’AACC Club Santé. Selon lui, s’engager dans la quête de ce label, c’est « avoir une vision des sujets sur lesquels on souhaite agir, ainsi qu’une feuille de route à suivre ». Il insiste également sur l’importance d’embarquer les équipes, créer une dynamique, confier aux salariés les plus sensibles à la RSE des missions autour de thèmes comme le tri des déchets ou la chasse au gaspillage. Chaque initiative se fait alors élément de preuve de l’engagement d’une agence. Pour Marc Perrin-Lagogué, la démarche RSE ne doit pas être perçue comme une contrainte. Bien au contraire. C’est une opportunité de souder les équipes, fidéliser les uns, en attirer d’autres, grâce à des actions engagées et fédératrices. Il ajoute : « Un salarié heureux sur son lieu de travail est toujours plus performant. » Et il sait de quoi il parle : « Au sein de mon agence, je n’oblige personne à venir physiquement au bureau. Chacun est libre. Je fais confiance, à partir du moment où le travail est bien fait et bouclé dans les temps. » « RSE et qualité de vie au travail, c’est un véritable ROI », dit encore Marc Perrin-Lagogué. Un message qui plait aux jeunes générations. Sur le campus de Saclay, Pol-Antoine Hamon a ainsi pu échanger avec des étudiants en pharmacie, qu’il perçoit de plus en plus attentifs « aux problématiques sociétales et à la RSE ». Si bien qu’il va jusqu’à évoquer une « éco-conception des soins ». Une nouvelle sémantique qui fait écho à une certaine éthique. « Il faut adopter une démarche RSE qui nous ressemble », a conclu Marc Perrin-Lagogué à l’issue de la Matinale de la FNIM. Autrement dit : une agence « engagée » doit apprendre à privilégier des fournisseurs qui partagent ses valeurs et oser dire non à des clients sur d’autres longueurs d’ondes.